Lettre ouverte

par

Christophe Rouger, faiseur de Théâtre

Mercredi 02 Décembre 2015.

Chez moi. 18h59.

Chers Lecteurs,

Depuis que j’ai commencé mes études théâtrales, je n’aimais pas jouer n’importe quoi, n’importe comment. J’avais besoin de dire, d’affirmer, de revendiquer un je ne sais quoi.

J’ai longtemps cherché ce je ne sais quoi. Puis est arrivé mon premier Festival d’Avignon. Je l’ai vécu comme une mise au point. Finalement qu’est ce que le théâtre ? A quoi sert-il ? Pourquoi je l’aime ? Qu’est ce que j’aime en lui ?

Premier constat. J’aime qu’on me raconte une histoire. Une aventure. Un rêve. Qu’une équipe artistique m’ouvre les bras et m’entraîne dans son univers.

Deuxième constat. J’aime les histoires qui me tapent à l’âme et me transportent ailleurs. Celles qui font écho à notre monde. Celles qui m’interrogent.

Puis il y a la rencontre avec le Festival du Nouveau Théâtre Populaire, chez moi ! Jeune troupe qui bouscule la campagne et fait chanter les mots des poètes ! Théâtre populaire. Quatre planches, un jardin et ils nous racontent.

Puis écouter Robin Renucci parler des Tréteaux de France : son faire avec.

Puis repenser au chemin qui m’a mené ici. L’école, l’apprentissage des poésies, la classe Théâtre au collège Molière, la troupe des Bouillards de Corné, les conservatoires. Le théâtre est mon école de la vie.

Le théâtre, mais pourquoi ?

Oui le Théâtre est une nébuleuse. Il fait peur. Peur de s’ennuyer. Peur de ne rien comprendre. Les artistes habitent sa maison. Chers Lecteurs, laissez-les vous apprivoiser. Ce sont eux qui viendront vous chercher. Comme vous êtes. Leur parole n’est pas démagogique. Elle ne donne aucune leçon. Elle vibre. Elle chante. Elle émeut.

Le Théâtre est un art du vivant ! Ici et maintenant, en direct, avec le public. Il est un écho du monde. C’est un lieu de parole et de liberté. On peut tout y dire. Tout y faire. Faire pour de faux et faire croire que c’est vrai. Quel luxe ! Pouvoir dire. Pouvoir faire. Formidable. A vous de vous  emparer de cette parole et de la faire vôtre. Vous pouvez répondre. Réagir. Partir. Huer. Applaudir.

Le Théâtre, alors, est-il politique ?

Aujourd’hui, en France, à l’heure de l’austérité, le premier budget raboté est la culture. Nous, artistes sommes pointés du doigt. Nos médias de masse plongent dans le gouffre de la culture au rabais. Aujourd’hui, dans le monde, les partisans d’une pensée unique et souveraine attaquent, détruisent, brûlent, censurent la culture. Et la mondialisation a pour effet pervers d’imposer un mode de pensée unique au détriment des singularités locales. Voir grand pour faire petit ?

Le Théâtre est un écho de notre monde. Alors oui, faire du Théâtre c’est poser un acte politique.

Chers Lecteurs, à mon niveau, je propose un espace de réflexion au plus près des gens en défendant la culture par ce que je sais faire ; du Théâtre. Je rêve un Théâtre Vivant. Un Théâtre Festif. Un Théâtre Populaire.  Un Théâtre Avec. Un Théâtre Local. Voir petit pour résonner grand ?

Jouer, mettre en scène est un processus égoïste. Cela part d’une envie personnelle. Soi avec soi. Cette envie ne prend de valeur qu’en la partageant. Et ça commence avec vous.

Je viendrai avec La Roulotte. Avec une équipe de faiseurs de Théâtre. Avec les pièces qui nous émeuvent, qu’elles soient comiques, tragiques, connues, inconnues. Nous nous installerons chez vous. Nous prendrons le temps de nous rencontrer. De nous connaître.

Nous irons dans vos écoles. Dans vos bibliothèques. Sur vos places de marchés. Partout où il y a rencontre. Et nous partagerons avec vous ce bonheur que nous avons de créer. Nous nous connaitrons. Le jour du spectacle sera sous le signe de la fête. Là où l’on pourra se retrouver autour d’une bonne bavette et d’un bon verre de vin. Puis le spectacle débutera. Nous vous emmènerons ailleurs, ici et maintenant. Nous voyagerons ensemble.

Et ensemble nous aurons créé un spectacle qui voyagera de ses propres ailes. Il partira en tournée riche de vous.

De mon côté, je continuerai de voyager avec La Roulotte; ailleurs, ici et maintenant.