Loire-Authion 49630

Phèdre

Théâtre classique

1h30

M.e.s : Christophe Rouger

Avec (par ordre alphabétique):

Maxime Bizet – Phèdre

Michaël Helmrich – Hippolyte

Christophe Rouger – Thésee

Marion Vaïtilingom – Aricie

Coralie Tomi – Conteuse, Théramène, Oenone et Ismène

Avec Phèdre je choisis de questionner la liberté des sentiments.

Phèdre jouée par un homme !

J’ai décidé de donner Phèdre à un acteur pour rapprocher l’amour interdit de Phèdre pour Hippolyte des amours homosexuelles. Et plus largement de toutes les amours soumises au mépris sociétal. Ainsi s’introduit l’idée suivante: peu importe le sexe, le genre, l’âge, la classe, la population, l’impossibilité de s’aimer est relative à des motifs plus grands, politiques, moraux, religieux etc.

Sommes-nous libres d’aimer ?

Phèdre, Hippolyte, Aricie, Thésée sont porteurs d’un verdict social qui agit sur leur amour. Cela rejoint la proposition développée par Didier Eribon, dans sa Réflexion sur la question gay ; «au commencement il y a l’injure». L’injure pose la différence, l’interdit, l’anormalité : la non-conformité à la société. L’amour de Phèdre rejoint l’interdiction d’aimer Aricie, le voeu de chasteté d’Hippolyte et le passé de héros de Thésée. Ainsi Phèdre, Hippolyte, Aricie et Thésée doivent composer avec leur injure. Chacun peut dire :

« Je suis le produit de l’injure. Le fils de la honte. »

Et parce qu’ils sont indissociables de la mythologie, j’ai eu besoin de les recontextualiser. A l’époque de Racine, la mythologie faisait partie du patrimoine commun. Aujourd’hui d’autres fables s’ajoutent et elle devient plus obscure. Beaucoup connaissent Phèdre sans pour autant connaitre son histoire. C’est ainsi que nait le personnage de la conteuse. En plus de faire le lien avec la mythologie, elle nous racontera le mythe en traversant Théramène, Oenone et Ismène.

La conteuse sera le relais entre le public, la pièce et notre propos.

Nous abordons l’alexandrin à travers la méthode de Michel Bernardy, auteur du Jeu Verbal. L’alexandrin est un écrin. Tout y est écrit. Le rythme. La cadence. L’émotion. Nous n’avons plus qu’à nous laisser faire. La pièce s’ouvre sur un Royaume au début de sa chute. Thésée absent, tout se délite. Les personnages se raccrochent à ce qu’ils ont : les mots. La langue leur permet de tenir. Encore.
L’alexandrin est le dernier rempart des personnages avant leur chute.

Christophe Rouger